Toutevérité n'est pas bonne à dire ; on ne répond pas à toutes les questions, du moins on ne dit pas n'importe quoi à n'importe qui il y a des vérités qu'il faut manier avec des précautions infinies, à travers toutes sortes d'euphémismes et d'astucieuses périphrases ; l'esprit ne se pose sur elles qu'en décrivant de grands cercles, comme un oiseau.
CandiceRenoir - Toute vérité n'est pas bonne à dire - 27 05 16. Recherche. BibliothÚque. Se connecter. S'inscrire. Regarder en plein écran. il y a 5 mois. Candice Renoir - Toute vérité n'est pas bonne à dire - 27 05 16. Télé 7 Jours. Suivre. il y a 5 mois. Candice Renoir - Toute vérité n'est pas bonne à dire - 27 05 16 . Signaler
Bienque le commentaire ait pu sembler indiquer que Miramichi nâĂ©tait pas un lieu dĂ©sirable pour installer un centre de paie, il nâen est rien. La vraie calamitĂ© a Ă©tĂ© de regrouper tous les centres de paie du pays en un seul endroit, et ce Ă des centaines de kilomĂštres des emplacements antĂ©rieurs. Ceci pour des raisons pĂ©cuniaires
LeprophĂšte rĂ©pond au roi quâil vivra sĂ»rement et Ă lâĂ©missaire quâil ne survivra pas. Par ce mensonge, le prophĂšte sait que sâil disait la vĂ©ritĂ© au
Mais, dans lâexemple du mensonge Ă opposer Ă la Gestapo, contre JankĂ©lĂ©vitch, il note que cela ne deviendrait pas du mĂȘme coup dire la vĂ©ritĂ©, mais resterait un mensonge, simplement prĂ©fĂ©rable Ă toute autre voie et du coup nĂ©cessaire, un mensonge qui laisserait intact notre attachement intĂ©rieur Ă la vĂ©ritĂ©, un mensonge de bonne foi : « Sâil est lĂ©gitime de mentir au
ToutevĂ©ritĂ© nâest pas bonne Ă dire. Il est prĂ©fĂ©rable de dissimuler une vĂ©ritĂ© susceptible de blesser quelquâun, de perturber un Ă©quilibre. infobulle _in_TLF-2 in_TLF-2 in TLFi in TrĂ©sor de la langue française informatisĂ© 400 Autres abrĂ©viations utilisĂ©es couramment dans le dictionnaire autresAbrev Cet article s'appuie sur certaines donnĂ©es du TLFi.
Toute vĂ©ritĂ© n'est pas bonne Ă dire" (Beaumarchais) PubliĂ© le 18 mars 2020 par JoSeseSeko. Photo: Flickr/Epjt Tours. Depuis la publication de l'entretien-confession d'AgnĂšs Buzyn au Monde, indiquant, d'aprĂšs elle, que le gouvernement savait comme le Coronavirus allait contaminer nombre de français(es) sans oser bouger, une affaire d'Ătat s'est dĂ©veloppĂ©e pendant que
ToutevĂ©ritĂ© nâest pas bonne Ă dire; â Toute vĂ©ritĂ© nâest pas bonne Ă croire; Le Mariage de Figaro (1784), IV, 1 Citations de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais Pierre Augustin Caron de Beaumarchais. Autres citations. La culture nous apparaĂźt dâabord comme la connaissance de ce qui a fait de lâhomme autre chose quâun Malraux AndrĂ©. La culture nous apparaĂźt d
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ĐžŃ. . 1 La possibilitĂ© du mensonge est donnĂ©e avec la conscience mĂȘme, dont elle mesure ensemble la grandeur et la bassesse [1]. » Cette remarque liminaire de Vladimir JankĂ©lĂ©vitch situe dâemblĂ©e la paradoxologie inhĂ©rente au mensonge. Celui-ci nâa de consistance que parce que son sujet est un ĂȘtre capable de vĂ©ritĂ© et de libertĂ© ; il est un signe en creux de la libertĂ© dâune conscience humaine â ou mal-angĂ©lique â adulte. Dans La MĂ©taphysique des mĆurs, Kant fait cette observation Il est remarquable que la Bible date le premier crime par lequel le mal est entrĂ© dans le monde, non du fratricide de CaĂŻn, mais du premier mensonge parce que la nature mĂȘme sâĂ©lĂšve contre ce crime et quâelle dĂ©signe le menteur du dĂ©but et le pĂšre des mensonges comme lâauteur de tout mal [2]. » Lâinterdit divin de porter un faux tĂ©moignage a Ă©tĂ© entendu et Ă©tendu par un important courant de la Tradition comme une prohibition stricte de tout mensonge, comme une exigence de droiture et de justice personnelles. Ne pas mentir nâest en effet quâune expression indirecte dâun devoir du locuteur. Ce quâon attend de lui, au fond, nâest pas tant de dire ou de ne pas dire, ceci ou cela, mais dâĂȘtre vrai. Ne pas mentir est une condition de possibilitĂ© de cet ĂȘtre vrai », mais, inversement, lâhomme nâest capable dâĂȘtre vrai que parce quâil est capable de mentir, ou plus exactement de connaĂźtre sâil dit vrai ou non. Quoi quâil en soit de lâexactitude de ce que dit un perroquet, il ne saurait ainsi pas plus mentir que dire la vĂ©ritĂ©, par dĂ©faut de connaissance et dâintention. Il apparaĂźt ainsi, en premiĂšre approche, que le mensonge contient Ă la fois une faussetĂ© matĂ©rielle et objective â un Ă©noncĂ© inexact â et une faussetĂ© formelle et subjective â lâintention de tromper. Il consisterait Ă dire quelque chose de faux alors quâon le sait tel. 2Les choses ne sont pourtant pas si simples. Ne ment en effet que celui qui manque Ă une vĂ©ritĂ© quâil connaĂźt, sinon il y a erreur et non pas mensonge. Celui qui dit le faux en le croyant vrai ne ment donc pas. Celui qui dit le vrai en le croyant faux ment-il ? Il le semble bien. En disant quelque chose de vrai, il ne dit pas la vĂ©ritĂ©, il nâest du moins pas vrai, alors mĂȘme que sa parole ne manque pas dâexactitude. Allons encore plus loin dire le vrai quâon sait ĂȘtre tel nâest-il pas le cas apparemment le plus simple et le plus moral de coĂŻncidence entre vĂ©ritĂ© du locuteur et vĂ©ritĂ© de la locution ? Pourtant, est-ce si simple et si moral, si, moi, bien portant, je te dis, Ă toi, malade, que tu vas mourir dans quelques jours ou quelques semaines ? Toute vĂ©ritĂ© nâest pas bonne Ă dire, proclame le bon sens populaire. Il vaudrait donc mieux parfois pouvoir se taire. Oui, mais ce nâest pas possible quand le silence a dĂ©jĂ le sens dâune rĂ©ponse. Docteur, je ne vais pas mourir, nâest-ce pas ? » Docteur, pensez-vous quâil gardera des sĂ©quelles ? » HĂ©bergez-vous un immigrĂ© clandestin ? » Autant de questions, auxquelles une rĂ©ponse exacte peut ĂȘtre inopportune et le mutisme dâune Ă©loquence complice. Dire la vĂ©ritĂ© peut faire mal et peut faire du mal. On peut mĂȘme lâutiliser pour cela. JankĂ©lĂ©vitch range cette manipulation de la vĂ©ritĂ© dans la catĂ©gorie de la sincĂ©ritĂ© diabolique » [3]. Si la vĂ©ritĂ© peut bien se montrer mensongĂšre, inversement le mensonge ne dit-il pas, au rebours de son intention mĂȘme, indirectement, sinon le vrai, du moins du vrai, contrefait certes, mais tout de mĂȘme en cela partitif ? On ment bien avec la bouche », dit Nietzsche, mais avec le museau quâon fait on dit la vĂ©ritĂ© quand mĂȘme » câest la vĂ©ritĂ© du mensonge, Ă©crit JankĂ©lĂ©vitch, aussi inĂ©luctable que lâauthenticitĂ© de lâillusion, lâintelligibilitĂ© de lâabsurde ou lâordre du dĂ©sordre, la vĂ©ritĂ© obligatoire sans cesse rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e par-dessous les ruses qui lâaltĂšrent [4]. » Car le mensonge, non moins que la vĂ©ritĂ©, suppose une relation, quâil pervertit mais quâil signe aussi, renvoyant trompeur et trompĂ© Ă une commune responsabilitĂ©. La question morale de la vĂ©ritĂ© et du mensonge requiert ainsi, comme lâa bien vu JankĂ©lĂ©vitch, la prise en compte de trois variables lâintention, la rĂ©alitĂ© objective et le rapport entre conviction et parole. Peut-ĂȘtre dĂ©couvrirons-nous, chemin faisant, que dâautres sont encore nĂ©cessaires. 3Le mensonge est-il immoral ? est-il Ă©vitable ? Notre rĂ©flexion partira de la thĂšse de la prohibition stricte ; celle-ci sera ensuite soumise Ă une double critique, externe et interne ; enfin, la critique de la critique sâefforcera de faire droit aux divers Ă©clairages fournis et de les placer en perspective mensonge interditSaint Augustin et le martyre pour la vĂ©ritĂ©4La rĂ©flexion sur le mensonge doit beaucoup Ă saint Augustin, qui lui consacre deux de ses ouvrages [5]. Sa position est connue pour reprĂ©senter la ligne sĂ©vĂšre excluant quelque lĂ©gitimitĂ© morale que ce soit Ă tout mensonge. Il se situe, pour ainsi dire, dans une perspective anti-proportionnaliste, excluant, pour des actes qui sont par eux-mĂȘmes des pĂ©chĂ©s, que la fin puisse justifier les moyens. Si mentir câest avoir une pensĂ©e dans lâesprit et, par paroles ou tout autre moyen dâexpression, en Ă©noncer une autre [6] », le mensonge est immoral en raison de lâintention de tromper qui lui est inhĂ©rente. Augustin Ă©carte les arguments classiques, puisĂ©s Ă lâĂcriture, qui ouvriraient la possibilitĂ© dâobjections Sara riant et niant lâavoir fait Gn 18, 15, Jacob affirmant Ă son pĂšre quâil est EsaĂŒ Gn 17, 19, les sages-femmes qui sauvent, par leur mensonge, les premiers-nĂ©s des HĂ©breux de la mort avec lâapprobation et la rĂ©compense du Seigneur Ex 1, 19 ou encore la simulation de Pierre et de BarnabĂ© Ga 2, 12, ou la circoncision de TimothĂ©e par Paul Ac 16, 3. Tous ces textes doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s le mensonge ne saurait donc se prĂ©valoir de lâautoritĂ© de lâAncien Testament, soit parce quâun acte ou une parole figurĂ©e nâest pas une tromperie, soit parce quâon ne propose pas aux bons dâimiter ce quâon loue dans les mĂ©chants comme une amĂ©lioration relative. Il ne peut pas davantage se rĂ©clamer du Nouveau Testament, car on y propose Ă notre imitation la correction plutĂŽt que la dissimulation et les larmes de Pierre plutĂŽt que son reniement [7] ». Saint Augustin aborde alors des objections courantes, telles que le mensonge commis pour sauver la vie de quelquâun. Prenant au pied de la lettre lâaffirmation de lâĂcriture la bouche qui ment tue lâĂąme » Sg 1, 11, il affirme que la vie de lâĂąme, anĂ©antie par le mensonge, doit prĂ©valoir sur la vie du corps le fait que ce soit la vie de mon Ăąme que je prĂ©fĂšre Ă la vie de son corps nâentre pas pour lui en considĂ©ration il faut prĂ©fĂ©rer notre Ăąme Ă la vie du prochain non moins quâĂ notre propre vie. La logique qui meut saint Augustin veut que le mensonge soit toujours en lui-mĂȘme mauvais, interdit, et incomparable Ă ce qui est nĂ©faste et ne pourrait ĂȘtre empĂȘchĂ© que moyennant le sacrifice de la vĂ©ritĂ© Un homme vient Ă nous une corde Ă la main, nous demandant dâaccomplir avec lui un acte infĂąme et nous certifiant que notre refus le dĂ©cidera Ă se pendre. Faudra-t-il consentir Ă sa demande pour le sauver, comme ils disent, de la mort ? Ce serait absurde et criminel. Mais alors pourquoi serait-il permis de se corrompre lâĂąme par un mensonge pour quâun autre garde son corps vivant ? [8] » Le deuxiĂšme exemple est rĂ©glĂ© selon le mĂȘme principe. Il sâagit du cas oĂč un mensonge est commis pour sauver une autre personne dâun viol si un libertin vous fait violence sans que vous puissiez vous en dĂ©livrer par la force, la persuasion ou le mensonge, tout le monde conviendra que la passion dâautrui ne peut porter atteinte Ă votre honneur. Câest pourquoi lâĂąme Ă©tant, de lâaveu de tous, supĂ©rieure au corps, il faut Ă la puretĂ© du corps prĂ©fĂ©rer lâintĂ©gritĂ© de lâĂąme, qui, elle, peut ĂȘtre gardĂ©e Ă©ternellement [9] ». Pourtant, objecte encore saint Augustin, le mensonge ne doit-il pas ĂȘtre admis parfois comme un moindre mal, par exemple en acceptant, quoique chrĂ©tien, de sacrifier aux idoles afin dâĂ©chapper au dĂ©shonneur infligĂ© par le persĂ©cuteur ? La rĂ©ponse est tranchante il faut confesser la foi quoi quâil en coĂ»te, et donc refuser mensonge et dissimulation. Il illustre son propos par un exemple hautement suggestif de martyr Il ne veut pas renier le Christ en sacrifiant aux dĂ©mons et voilĂ quâen raison de ce refus on va faire mourir sous ses yeux non pas un Ă©tranger, mais son propre pĂšre qui le supplie de ne pas persĂ©vĂ©rer dans son attitude pour lâarracher Ă la mort. Nâest-il pas Ă©vident que sâil persiste dans la confession de sa foi, les seuls homicides seront les bourreaux de son pĂšre et que lui-mĂȘme nâest pas parricide ? De mĂȘme donc quâil nâest pas complice de ce meurtre, si criminel, en prĂ©fĂ©rant que son pĂšre, fĂ»t-il impie, fĂ»t-il menacĂ© des peines Ă©ternelles, soit mis Ă mort, plutĂŽt que de violer lui-mĂȘme sa foi par un faux tĂ©moignage, de mĂȘme il Ă©chappera Ă toute complicitĂ© sâil se refuse Ă toute mauvaise action, quoi que fassent ses persĂ©cuteurs Ă la suite de son refus. Que disent, en effet, ces persĂ©cuteurs, sinon Fais du mal pour que nous nâayons pas Ă en faire ? ⊠Pourquoi serions-nous leurs complices plutĂŽt que de leur laisser le monopole de leur honte et de leur mĂ©chancetĂ© ? [10] »Saint Thomas dâAquin et la naturalitĂ© du langage5Saint Thomas dâAquin conjugue cet hĂ©ritage augustinien avec celui de lâaristotĂ©lisme. Il estime que le langage est signe naturel de la pensĂ©e et acquiert une valeur Ă©thique du fait que la raison rattache volontairement le signifiant au signifiĂ© toute reprĂ©sentation exige un rapprochement, Ćuvre propre de la raison [11] ». Saint Thomas apporte surtout une prĂ©cision nouvelle au sujet de lâintention du menteur lâintention de la volontĂ© dĂ©rĂ©glĂ©e peut se porter Ă deux choses premiĂšrement, exprimer ce qui est faux, et deuxiĂšmement, comme effet propre de cette Ă©nonciation du faux, tromper quelquâun ». Ce dĂ©doublement est un apport de la pensĂ©e thomasienne ; il signifie que, mĂȘme si le menteur ment pour tromper, il reste que le mensonge a sa consistance propre, antĂ©rieurement Ă cet effet le dĂ©sir de tromper appartient Ă lâeffet ultime du mensonge, non Ă son espĂšce ». Si lâon ajoute la faussetĂ© mĂȘme de lâĂ©noncĂ©, on trouve donc trois Ă©lĂ©ments Si ces trois conditions se trouvent rĂ©unies faussetĂ© de ce qui est dit, volontĂ© dâexprimer cette faussetĂ©, intention de tromper, le rĂ©sultat est triple aussi faussetĂ© matĂ©rielle, puisquâon dit quelque chose de faux ; faussetĂ© formelle, puisquâon veut le dire ; faussetĂ© efficiente, puisquâon a lâintention de le faire croire. » La faussetĂ© matĂ©rielle correspond Ă lâinexactitude de lâĂ©noncĂ© ; elle est une erreur, non une faute. Pas davantage la volontĂ© de tromper, assurĂ©ment qualifiable moralement de maniĂšre nĂ©gative, ne constitue-t-elle formellement le mensonge Vouloir tromper quelquâun, lui faire croire ce qui est faux, cela ne ressortit pas spĂ©cifiquement au mensonge, mais Ă une certaine perfection du mensonge, de mĂȘme quâun ĂȘtre physique reçoit son espĂšce de sa forme, quand bien mĂȘme lâeffet de celle-ci serait absent. » Si, par exemple, lâinterlocuteur ne se laisse pas tromper, le mensonge existe pourtant dĂšs que lâĂ©noncĂ© qui lui est adressĂ© est volontairement faux. Câest la faussetĂ© formelle qui constitue la raison de mensonge, Ă savoir la volontĂ© dâexprimer ce qui est faux. Câest pourquoi on appelle âmensongeâ mendacium ce que lâon dit âcontre sa pensĂ©eâ contra mentem. » 6Quant Ă la question de la moralitĂ© du mensonge, la thĂšse de saint Thomas dâAquin est conforme Ă celle du De mendacio de saint Augustin tout mensonge est un pĂ©chĂ©. Il lâappuie aussi sur lâopinion dâAristote. Il explique quâil est contre-nature dâinvestir le langage dâune signification contraire Ă la pensĂ©e ; le mensonge est donc mauvais en soi malum ex genere Une chose mauvaise par nature ne peut jamais ĂȘtre bonne et licite ; parce que, pour quâelle soit bonne, il est nĂ©cessaire que tous les Ă©lĂ©ments y concourent ; en effet, le bien est produit par une cause parfaite, tandis que le mal rĂ©sulte de nâimporte quel dĂ©faut », selon Denys. Or, le mensonge est mauvais par nature ; câest un acte dont la matiĂšre nâest pas ce quâelle devrait ĂȘtre ; puisque les mots sont les signes naturels des pensĂ©es, il est contre-nature et illĂ©gitime quâon leur fasse signifier ce quâon ne pense pas. Aussi Aristote dit-il que le mensonge est par lui-mĂȘme mauvais et haĂŻssable, tandis que le vrai est bon et louable ». Tout mensonge est donc un pĂ©chĂ©, comme lâaffirme saint Augustin [12]. » Saint Thomas Ă©met et rĂ©sout une objection qui mĂ©rite une attention particuliĂšre ; elle soutient que le mensonge pourrait ĂȘtre admis parfois comme un moindre mal Il faut choisir un moindre mal pour en Ă©viter un pire ; câest ainsi que le mĂ©decin coupe un membre pour Ă©viter lâinfection du corps entier. Mais on fait moins de mal en communiquant une information fausse quâen commettant ou en laissant commettre un homicide [13]. » Pour saint Thomas, le fait que le mensonge puisse avoir une utilitĂ© ne saurait empĂȘcher le dĂ©sordre intrinsĂšque rĂ©sidant dans la contradiction entre la pensĂ©e et la parole. Dans cette optique, pour autant que le mensonge est intrinsĂšquement mauvais, il apparaĂźt quâil ne peut jamais ĂȘtre choisi en vue de quelque bien que ce soit Le mensonge a raison de pĂ©chĂ© non seulement Ă cause du tort fait au prochain, mais Ă cause du dĂ©sordre qui lui est essentiel. Or, il nâest jamais permis dâemployer un moyen dĂ©sordonnĂ©, donc dĂ©fendu, dans lâintĂ©rĂȘt du prochain, par exemple de voler pour faire lâaumĂŽne exceptĂ© dans un cas de nĂ©cessitĂ© oĂč toutes choses deviennent communes. Il nâest donc jamais permis de dire un mensonge pour soustraire quelquâun Ă nâimporte quel danger [14]. »Emmanuel Kant et le devoir absolu de vĂ©racitĂ©7Dans son petit Ă©crit de 1797 intitulĂ© Sur un prĂ©tendu droit de mentir par humanitĂ©, Kant polĂ©mique avec Benjamin Constant. Celui-ci, dans Des rĂ©actions politiques, lui reproche lâaffirmation dâun devoir absolu et illimitĂ© de dire la vĂ©ritĂ©, quâil voit comme destructeur du lien social Le principe moral que dire la vĂ©ritĂ© est un devoir, sâil Ă©tait pris de maniĂšre absolue et isolĂ©e, rendrait toute sociĂ©tĂ© impossible. Nous en avons la preuve dans les consĂ©quences directes quâa tirĂ©es de ce premier principe un philosophe allemand qui va jusquâĂ prĂ©tendre quâenvers des assassins qui vous demanderaient si votre ami quâils poursuivent nâest pas rĂ©fugiĂ© dans votre maison, le mensonge serait un crime [15]. » Benjamin Constant met en corrĂ©lation le supposĂ© devoir de dire la vĂ©ritĂ© avec un droit Ă lâentendre dire Dire la vĂ©ritĂ© est un devoir. Quâest-ce quâun devoir ? LâidĂ©e de devoir est insĂ©parable de celle de droits un devoir est ce qui, dans un ĂȘtre, correspond aux droits des autres. LĂ oĂč il nây a pas de droit, il nây a pas de devoirs. Dire la vĂ©ritĂ© nâest donc un devoir quâenvers ceux qui ont droit Ă la vĂ©ritĂ©. Or nul homme nâa droit Ă la vĂ©ritĂ© qui nuit Ă autrui [16]. » Cette rĂ©duction de la vĂ©ritĂ© Ă sa composante sociale est du reste dĂ©jĂ prĂ©sente chez Grotius et Puffendorf. Selon cette logique, je ne mens en parlant contre la vĂ©ritĂ© quâĂ lâĂ©gard de ceux Ă qui je la dois. 8Du point de vue de Kant, en revanche, je ne dois pas la vĂ©ritĂ© seulement Ă lâautre, Ă qui je parle, mais je me la dois non moins Ă moi-mĂȘme, ou, pour le dire autrement, Ă lâhumanitĂ©, commune en moi, Ă moi et Ă lâautre la vĂ©racitĂ© dans les dĂ©clarations que lâon ne peut pas Ă©viter est un devoir formel de lâhomme Ă lâĂ©gard de chacun, quelle que soit lâimportance du dommage qui peut en rĂ©sulter pour lui ou pour un autre. Et bien que je ne commette pas dâinjustice envers celui qui me contraint injustement Ă une dĂ©claration quand je la falsifie, je commets cependant par une telle falsification qui, pour cette raison, peut elle aussi ĂȘtre appelĂ©e mensonge â quoique dans un sens qui nâest pas celui des juristes â une injustice dans la partie la plus essentielle du devoir en gĂ©nĂ©ral câest-Ă -dire que, pour autant que cela dĂ©pend dâelle, mon action a pour effet que des dĂ©clarations en gĂ©nĂ©ral ne trouvent pas de crĂ©ance, et que, par consĂ©quent, tous les droits qui sont fondĂ©s sur des contrats tombent Ă©galement et perdent leur force ce qui constitue une injustice Ă lâencontre de lâhumanitĂ© en gĂ©nĂ©ral [17] ». On lâaura compris Kant retourne au passage lâargument de Benjamin Constant ce qui rendrait toute sociĂ©tĂ© impossible », ce ne serait pas de dire toujours la vĂ©ritĂ©, mais, en sâautorisant Ă mentir, de ruiner la confiance nĂ©cessaire entre les interlocuteurs. La prohibition du mensonge est donc absolue câest donc un commandement de la raison sacrĂ©, absolument impĂ©ratif et que ne peut limiter aucune convenance que dâĂȘtre vĂ©ridique honnĂȘte dans toutes ses affirmations [18] ». Cela vaut toujours, en toute circonstance, mĂȘme sâil en rĂ©sulte un dommage pour autrui en rĂ©alitĂ© tout homme nâa pas seulement un droit Ă la vĂ©racitĂ©, mais il en a mĂȘme le devoir le plus strict dans les dĂ©clarations quâil ne peut Ă©viter, mĂȘme si cette vĂ©racitĂ© peut lui nuire ou nuire Ă un autre. Ce nâest donc pas proprement lui-mĂȘme qui nuit Ă celui qui en subit les consĂ©quences, mais câest un accident qui est la cause de ce dommage. Car ici il nâest pas libre de choisir, parce que la vĂ©racitĂ© sâil est obligĂ© de parler est un devoir absolu [19] ». En outre, la thĂšse de Benjamin Constant recĂšle une difficultĂ© la sociĂ©tĂ©, lâhumanitĂ© devraient-elles ĂȘtre divisĂ©es entre ceux qui ont droit Ă la vĂ©ritĂ© et ceux qui nây ont pas droit ? Et si tel est le cas, Ă qui appartiendra-t-il le soin dâopĂ©rer cette division ? Comment Ă©viter que celui Ă qui, en raison des circonstances, il en coĂ»te de dire la vĂ©ritĂ©, ne sâexonĂšre trop facilement de ce devoir ? Par consĂ©quent, le âphilosophe allemandâ nâacceptera donc pas comme principe la proposition que âdire la vĂ©ritĂ© nâest un devoir quâenvers ceux qui ont droit Ă la vĂ©ritĂ©â ; en premier lieu, parce que sa formulation est imprĂ©cise dans la mesure oĂč la vĂ©ritĂ© nâest pas un bien quâon possĂšde et sur lequel un droit serait reconnu Ă lâun tandis quâil serait refusĂ© Ă lâautre ; ensuite et avant tout, parce que le devoir de vĂ©racitĂ© en tant quâil nâest question ici que de lui ne fait aucune distinction entre les personnes Ă lâĂ©gard de qui on pourrait avoir ce devoir et celles Ă lâĂ©gard de qui on pourrait aussi sâen dispenser, mais constitue un devoir absolu dont la validitĂ© sâĂ©tend Ă toutes les relations [20]. »Le mensonge inĂ©vitable9Lâinterdiction rigoureuse du mensonge jusque dans les occasions oĂč il apparaĂźtrait le plus inĂ©vitable, reprĂ©sentĂ©e par Augustin, Thomas dâAquin et Kant, nâest cependant pas lâobjet dâun consensus. Soumettons-la Ă une critique, dâabord externe, par la considĂ©ration dâautres auteurs, puis interne, par les autolimitations de leurs doctrines. 10On aurait tort de penser que les PĂšres soient unanimes autour de la position de saint Augustin. Une autre tradition existe, de PĂšres misĂ©ricordieux » ClĂ©ment dâAlexandrie, OrigĂšne, Jean Chrysostome, Cassien, Hilaire, ce dernier Ă©crivant par exemple il arrive que le respect scrupuleux de la vĂ©ritĂ© soit difficile ; en certaines circonstances, le mensonge devient nĂ©cessaire et la faussetĂ© utile ; ainsi nous mentons pour cacher un homme Ă quelquâun qui veut le frapper, pour ne pas donner un tĂ©moignage qui ferait condamner un innocent, pour rassurer un malade sur sa guĂ©rison [21] ».Arthur Schopenhauer et le mensonge comme lĂ©gitime dĂ©fense11Dans les derniers siĂšcles, surtout, se sont multipliĂ©es des prises de position en faveur du caractĂšre inĂ©vitable, voire nĂ©cessaire, du mensonge dans certains cas spĂ©ciaux. Schopenhauer caractĂ©rise ainsi la nocivitĂ© du mensonge si le mensonge est illĂ©gitime, câest pour cette unique raison, et par suite Ă condition quâil soit un instrument de tromperie, quâil serve Ă violenter les gens Ă lâaide de la loi des motifs. Or câest ce quâil fait ordinairement [22] ». Si le mensonge est violence, il lui emprunte sa qualification morale. Or lâusage de la force nâest pas toujours injuste il existe une lĂ©gitime dĂ©fense qui peut y recourir. Par consĂ©quent, le mensonge est possible et nĂ©cessaire dans les cas oĂč, analogiquement, la violence serait permise puisque je peux, sans injustice, donc de plein droit, repousser la violence par la violence, je peux de mĂȘme, si la force me fait dĂ©faut, ou bien, si elle ne me semble pas aussi bien de mise, recourir Ă la ruse. Donc, dans les cas oĂč jâai le droit dâen appeler Ă la force, jâai droit dâen appeler au mensonge Ă©galement ainsi contre des brigands, contre des malfaiteurs de nâimporte quelle espĂšce ; et de les attirer dans un piĂšge. Et de mĂȘme une promesse arrachĂ©e de force ne lie point. Mais en rĂ©alitĂ© le droit de mentir va plus loin encore ce droit mâappartient contre toute question que jâai nâai pas autorisĂ©e, et qui concerne ma personne ou celle des miens une telle question est indiscrĂšte ; ce nâest pas seulement en y rĂ©pondant, câest mĂȘme en lâĂ©cartant avec un âje nâai rien Ă direâ, formule dĂ©jĂ suffisante pour Ă©veiller le soupçon, que je mâexposerais Ă un danger. Le mensonge en de tels cas est lâarme dĂ©fensive lĂ©gitime, contre une curiositĂ© dont les motifs dâordinaire ne sont pas bienveillants [23] ». Ă lâĂ©gard de lâindiscret, je suis en droit de me dĂ©barrasser de lui par un mensonge, Ă ses risques et pĂ©rils, dĂ»t-il en rĂ©sulter pour lui quelque erreur dommageable. En pareille occasion, le mensonge est lâunique moyen de me protĂ©ger contre une curiositĂ© indiscrĂšte et soupçonneuse je suis dans le cas de lĂ©gitime dĂ©fense [24]. » Schopenhauer en appelle au rĂ©alisme de lâexpĂ©rience quotidienne pour rĂ©cuser lâintransigeance kantienne il y voit une exigence de vĂ©ritĂ©, suggĂ©rant ainsi quâune prohibition thĂ©oriquement absolue du mensonge au nom dâun impĂ©rieux devoir de vĂ©ritĂ© risquerait fort de nâĂȘtre quâhypocrisie dĂ©mentie par dâinĂ©vitables entorses pratiques au principe ainsi rĂ©vĂ©rĂ© et proclamĂ©. Mieux vaudrait alors dĂ©limiter soigneusement mais, partant, reconnaĂźtre les occasions lĂ©gitimes de mensonge tel est lâunique moyen de faire cesser cette contradiction choquante entre la morale telle quâon la professe, et la morale telle quâon la pratique tous les jours, mĂȘme parmi les hommes les plus sincĂšres et les meilleurs [25] ». 12La consistance Ă©thique de cette analogie avec la lĂ©gitime dĂ©fense et de cette thĂšse de lâautoprotection du menteur reste bien faible en regard des impĂ©ratifs, tant individuels que sociaux, de droiture et de vĂ©ritĂ© mis en valeur par les auteurs de la ligne JankĂ©lĂ©vitch et le mensonge-par-amour13La rĂ©flexion de Vladimir JankĂ©lĂ©vitch sur la sincĂ©ritĂ© constitue une objection plus troublante Ă la prohibition universelle du mensonge. Elle soutient, comme attitude Ă©thique de fond, la prĂ©fĂ©rence pour lâautre, surtout en sa faiblesse, et par consĂ©quent le primat de lâamour dâautrui sur la prĂ©servation puriste de ma propre vĂ©racitĂ©. Le propos est Ă©tayĂ© par deux exemples, dĂ©jĂ Ă©voquĂ©s par saint Augustin faut-il dire la vĂ©ritĂ©, dâune part au malade qui va mourir et, dâautre part, Ă ceux qui pourchassent, pour le tuer, celui qui sâest rĂ©fugiĂ© chez moi ? Quant au premier cas, JankĂ©lĂ©vitch affirme il ne faut pas que les hommes pauvres et seuls aient de la peine, ceci est plus important que tout et mĂȘme que la vĂ©ritĂ©. Il ne faut pas faire de la peine au mourant, fĂ»t-ce au prix dâune entorse Ă la vĂ©ritĂ© ; non, il ne faut pas dire la vĂ©ritĂ© au mourant. ⊠Le mensonge-par-amour qui est survĂ©ritĂ© est paradoxalement plus vrai que la vĂ©ritĂ© vraie ; la vĂ©ritĂ© pneumatique du mensonge dâamour est plus vraie que la vĂ©ritĂ© grammatique de la vĂ©ritĂ© pure et simple. Câest la vĂ©ritĂ© pure et simple qui est dans bien des cas un mensonge. Un sage qui ment par bontĂ© est donc plus profondĂ©ment vĂ©ridique quâun sophiste qui dit la vĂ©ritĂ© par mĂ©chancetĂ© ! ⊠Le Numquam augustinien est donc bien trop simpliste et sommaire pour la complexitĂ© innombrable de ces situations impures en vue desquelles Pascal avait imaginĂ© lâesprit de finesse. ⊠Malheur aux brutes qui disent toujours la vĂ©ritĂ© ! Malheur Ă ceux qui nâont jamais menti ! [26] ». Bien sĂ»r, JankĂ©lĂ©vitch ne fait aucune apologie du mensonge ; il maintient quâil faut toujours rĂ©pugner Ă en user, mais observe que la prĂ©servation des valeurs supĂ©rieures le rendent, de fait, parfois inĂ©vitable et nĂ©cessaire, en sorte quâĂ dĂ©faut de le vouloir en vraie libertĂ© de choix, il faut se rĂ©signer Ă y consentir malgrĂ© soi celui qui nâadmet pas le principe du mensonge admettra en fait le fait du mensonge, par cette bonne raison que la crĂ©ature ne fait que ce qui est possible. La volontĂ© antĂ©cĂ©dente et platonique qui veut thĂ©oriquement la vĂ©ritĂ©, qui veut la vĂ©ritĂ©-un-point-câest-tout, cette volontĂ© devient dans un monde ataxique et douloureux la volontĂ© consĂ©quente du mensonge nĂ©cessaire, nĂ©cessaire Ă la manifestation dâune vĂ©ritĂ© plus profonde et plus gĂ©nĂ©rale. Mais bien entendu elle ne veut pas le mensonge positivement ni directement ni transitivement elle le veut sans le vouloir expressĂ©ment ; elle le veut avec rĂ©pugnance, non pas dâune volontĂ© âambivalenteâ et dĂ©chirĂ©e, mais dâune nolontĂ© voulante, et pour ainsi dire la mort dans lâĂąme et Ă son corps dĂ©fendant ; elle le veut en le maudissant, et comme on veut un moindre mal ; et elle vomit ce quâelle veut ; car elle veut Ă travers lui autre chose dont il est le chemin elle sâen sert donc comme dâun mĂ©diateur ; son intention vise au-delĂ , plus haut et plus loin. Celui qui veut sincĂšrement la vĂ©ritĂ© ⊠consent ⊠au mensonge, ou tout simplement sây rĂ©signe [27] ». Ă lâargument du primat de lâamour de lâautre sur la vĂ©racitĂ© propre vient donc sâajouter ici la thĂšse du mensonge comme moindre mal. 14Dans le deuxiĂšme exemple â celui du rĂ©fugiĂ© dont on me presse de trahir la prĂ©sence â, JankĂ©lĂ©vitch dĂ©passe la reconnaissance dâun droit au mensonge, pour lâĂ©riger en un strict devoir moral Mentir aux policiers allemands qui nous demandent si nous cachons chez nous un patriote, ce nâest pas mentir, câest dire la vĂ©ritĂ© ; rĂ©pondre il nây a personne, quand il y a quelquâun, câest le plus sacrĂ© des devoirs. Celui qui dit la vĂ©ritĂ© au policier allemand est un menteur. Celui qui dit la vĂ©ritĂ© au policier allemand est lui-mĂȘme un policier allemand. Celui qui dit la vĂ©ritĂ© aux ennemis de lâhomme est lui-mĂȘme un ennemi de lâhomme ; il est comme le scrupuleux qui, pardonnant les crimes contre lâhumanitĂ©, met la loi morale en contradiction avec elle-mĂȘme. Non, les bourreaux dâAuschwitz et les pendeurs de Tulle ne mĂ©ritent pas quâon leur dise la vĂ©ritĂ©, cette vĂ©ritĂ© quâon prĂ©tend leur dire nâest pas faite pour eux. Les scrupuleux, en ces matiĂšres, sont les complices des pendeurs. Mieux vaut user des mĂȘmes armes que travailler au mĂȘme but [28]. »AndrĂ© Comte-Sponville et le devoir de mensonge de bonne foi15AndrĂ© Comte-Sponville va dans le mĂȘme sens. Il prĂ©fĂšre louer la bonne foi plutĂŽt que la sincĂ©ritĂ©. Il les distingue ainsi Ătre sincĂšre, câest ne pas mentir Ă autrui ; ĂȘtre de bonne foi, câest ne mentir ni Ă autrui ni Ă soi. ⊠La bonne foi est une sincĂ©ritĂ© Ă la fois transitive et rĂ©flexive. Elle rĂšgle, ou elle devrait rĂ©gler, nos rapports Ă autrui aussi bien quâĂ nous-mĂȘme [29]. » Le mensonge est ainsi envisagĂ© non seulement par rapport Ă lâautre mais aussi, Ă lâinstar dâAugustin, de Thomas dâAquin et de Kant, par rapport Ă soi-mĂȘme. Cette vertu de bonne foi possĂšde un statut original, Ă la fois dâincomplĂ©tude et de gĂ©nĂ©ralitĂ© ; elle nâest pas complĂšte ou suffisante car elle peut accompagner lâimmoralitĂ©, telle que la mĂ©chancetĂ© on peut ĂȘtre un salaud sincĂšre », un nazi de bonne foi ». En revanche, elle est nĂ©cessaire Ă toute autre vertu Aucune vertu nâest vraie, ou nâest vraiment vertueuse, sans cette vertu de vĂ©ritĂ©. Vertu sans bonne foi câest mauvaise foi, et ce nâest pas vertu [30]. » La vĂ©ritĂ© nâa pas besoin dâĂȘtre qualifiĂ©e par dâautres vertus, alors que toute vertu demande Ă ĂȘtre vraie. Elle doit ĂȘtre aimĂ©e pour elle-mĂȘme. FidĂ©litĂ© au vrai dâabord mieux vaut une vraie tristesse quâune fausse joie [31]. » Pour Comte-Sponville, comme pour JankĂ©lĂ©vitch, il y a des cas oĂč le mensonge est nĂ©cessaire comme un moindre mal il faut parfois se contenter du moindre mal, et le mensonge peut en ĂȘtre un [32] ». Mais il en Ă©tend la possibilitĂ© hors des nĂ©cessitĂ©s de lâamour pour autrui Sâil faut mentir pour survivre, ou pour rĂ©sister Ă la barbarie ou pour sauver celui quâon aime, quâon doit aimer, nul doute pour moi quâil faille mentir, quand il nây a pas dâautre moyen, ou quand tous les autres moyens seraient pires [33]. » Ce devoir de mentir, nonobstant le fait que mentir reste un mal mais un mal ici nĂ©cessaire comme le moindre, est imposĂ© contre la thĂšse de Kant par le devoir de prĂ©fĂ©rer autrui Ă soi Quâest-ce que cette vertu si soucieuse de soi, de sa petite intĂ©gritĂ©, de sa petite dignitĂ©, quâelle est prĂȘte, pour se prĂ©server, Ă livrer un innocent Ă des assassins ? Quâest-ce que ce devoir sans prudence, sans compassion, sans charitĂ© ? Le mensonge est une faute ? Sans doute. Mais la sĂ©cheresse de cĆur aussi, et plus grave ! La vĂ©racitĂ© est un devoir ? Soit. Mais lâassistance Ă personne en danger en est un autre, et plus pressant. Malheur Ă celui qui prĂ©fĂšre sa conscience Ă son prochain [34]. » En accord avec JankĂ©lĂ©vitch, Comte-Sponville Ă©crit donc Vous abritez un Juif ou un RĂ©sistant dans votre grenier. La Gestapo, qui le cherche, vous interroge. Allez-vous dire la vĂ©ritĂ© ? Allez-vous ce qui reviendrait au mĂȘme refuser de rĂ©pondre ? Bien sĂ»r que non ! Tout homme dâhonneur, tout homme de cĆur, et mĂȘme tout homme de devoir, se sentira non seulement autorisĂ© mais tenu de mentir [35]. » De mĂȘme que JankĂ©lĂ©vitch vitupĂ©rait contre le purisme et le vĂ©risme, il ajoute Ă faire de la bonne foi un absolu on la perd, puisquâelle nâest plus bonne, puisquâelle nâest plus que vĂ©racitĂ© dessĂ©chĂ©e, mortifĂšre, haĂŻssable. Ce nâest plus bonne foi, câest vĂ©ridisme ; ce nâest plus vertu, câest fanatisme. Fanatisme thĂ©orique, dĂ©sincarnĂ©, abstrait fanatisme de philosophe, qui aime la vĂ©ritĂ© Ă la folie. Mais aucune folie nâest bonne. Mais aucun fanatisme nâest vertueux [36]. » Mais, dans lâexemple du mensonge Ă opposer Ă la Gestapo, contre JankĂ©lĂ©vitch, il note que cela ne deviendrait pas du mĂȘme coup dire la vĂ©ritĂ©, mais resterait un mensonge, simplement prĂ©fĂ©rable Ă toute autre voie et du coup nĂ©cessaire, un mensonge qui laisserait intact notre attachement intĂ©rieur Ă la vĂ©ritĂ©, un mensonge de bonne foi Sâil est lĂ©gitime de mentir au mĂ©chant, par exemple quand notre vie est en jeu, ce nâest pas que nous nous mettions alors plus haut que la vĂ©ritĂ©, puisque cela ne nous empĂȘche en rien de lâaimer, de la respecter, de nous y soumettre au moins intĂ©rieurement. Câest au nom de ce que lâon croit vrai, mĂȘme, quâon ment Ă lâassassin ou au barbare, et ce sont mensonges, en ce sens, de bonne foi [37]. » 16Faut-il dire la vĂ©ritĂ© au mourant ? Comte-Sponville rĂ©cuse assurĂ©ment Kant qui rĂ©pondrait quâil le faut toujours, mais non moins JankĂ©lĂ©vitch qui considĂšre quâil ne le faut jamais. Entre toujours et jamais, il y a place pour le discernement du respect Ă apporter Ă lâamour que le mourant lui-mĂȘme porte Ă la vĂ©ritĂ©. Comte-Sponville conclut Il faut donc dire la vĂ©ritĂ©, ou le plus de vĂ©ritĂ© possible, puisque la vĂ©ritĂ© est une valeur, puisque la sincĂ©ritĂ© est une vertu ; mais pas toujours, mais pas Ă nâimporte qui, mais pas Ă nâimporte quel prix, mais pas nâimporte comment ! Il faut dire la vĂ©ritĂ© autant quâon peut, ou autant quâon doit, disons autant quâon peut le faire sans manquer par lĂ Ă quelque vertu plus haute ou plus urgente [38]. » La prĂ©fĂ©rence de lâautre Ă ma propre vĂ©racitĂ© autorise et impose donc le mensonge, opposĂ© Ă la sincĂ©ritĂ© transitive. Mais, pour autant, nulle entorse Ă la sincĂ©ritĂ© rĂ©flexive, Ă la sincĂ©ritĂ© envers soi-mĂȘme, Ă la bonne foi, nâest lĂ©gitime, car ce serait se mettre soi plus haut que la vĂ©ritĂ© ». Il ne sâagit pas, en dĂ©finitive, de prĂ©fĂ©rer la vĂ©ritĂ© Ă lâamour ou lâamour Ă la vĂ©ritĂ©. Lâamour prĂ©vaut, certes, mais pour autant seulement quâil est vrai [39] ». Le philosophe, au sens le plus fort et le plus ordinaire du terme, sait que la vĂ©ritĂ© sans la charitĂ© nâest pas Dieu. Mais il sait aussi, ou il croit savoir, que la charitĂ© sans la vĂ©ritĂ© nâest quâun mensonge parmi dâautres, et nâest pas la charitĂ© [40]. »Les limites de lâinterdiction17AprĂšs les critiques externes que nous avons recensĂ©es de la thĂšse dâune interdiction morale absolue et universelle du mensonge, il convient de considĂ©rer les nuances, voire les limitations que les trois auteurs emblĂ©matiques que sont Augustin, Thomas dâAquin et Kant apportent eux-mĂȘmes Ă la rigueur de leur position. Saint Thomas, on lâa vu, estime que le mensonge comporte un dĂ©sordre intrinsĂšque qui empĂȘche donc toujours de le choisir comme moyen, mĂȘme pour soustraire quelquâun Ă nâimporte quel danger [41]. Il ajoute cependant quoi quâil soit permis de dissimuler prudemment la vĂ©ritĂ©, dit saint Augustin. » Saint Thomas nâen dit pas plus ici sur cette fameuse dissimulation prudente de la vĂ©ritĂ©. Il vaut donc la peine de recourir au De mendacio de saint Augustin qui inspire cette prise de position Dans tous nos actes, ce qui trouble le plus, mĂȘme les gens de bien, ce sont les pĂ©chĂ©s oĂč le mal et le bien se balancent ; on va jusquâĂ ne pas les prendre pour des pĂ©chĂ©s si on a de telles raisons de les faire quâon semblerait plutĂŽt pĂ©cher, si on ne les faisait pas. Et ce principe a prĂ©valu dans lâopinion des hommes, surtout au sujet des mensonges. On ne les juge plus des pĂ©chĂ©s, bien plus, on les croit de bonnes actions, quand on ment par utilitĂ©, en faveur de quelquâun qui a intĂ©rĂȘt Ă ĂȘtre trompĂ© ou quand le mensonge est le seul recours pour empĂȘcher quelquâun qui paraĂźt sur le point de nuire Ă dâautres, de leur faire du mal. Pour justifier les mensonges de cette catĂ©gorie, on sort, en leur faveur, de nombreux exemples tirĂ©s des saintes Ăcritures. Or, cacher la vĂ©ritĂ© nâest pas la mĂȘme chose que profĂ©rer un mensonge. Bien que tout homme qui ment veuille cacher le vrai, pourtant tout homme qui veut cacher le vrai ne ment pas. Souvent, en effet, nous cachons la vĂ©ritĂ© non par le mensonge, mais par le silence [42]. » Et saint Augustin de conclure mentir ce nâest donc pas cacher le vrai en se taisant ; câest exprimer le faux en parlant [43]. » On a ici en germe la thĂ©orie de la restriction mentale. 18Le problĂšme est que, ainsi que doit le reconnaĂźtre ailleurs le mĂȘme saint Augustin, le silence ne signifie pas toujours neutralitĂ© et possĂšde parfois une Ă©loquence plus grande que toute parole. Dans lâexemple du rĂ©fugiĂ©, il affirme ainsi on se trouve parfois, il est vrai, dans une situation critique. On ne nous demande pas oĂč se trouve cet homme quâon cherche. On ne nous met pas en demeure de le livrer et il est si bien cachĂ© quâon ne peut facilement le dĂ©couvrir sans trahison. On nous demande seulement est-il oui ou non Ă tel endroit ? Si nous savons quâil y est et que nous nous taisons, notre silence le livre. Nous le livrons de mĂȘme en rĂ©pondant que nous nâavons pas Ă dire sâil y est ou sâil nây est pas. Car lâenquĂȘteur conclut de notre attitude Ă sa prĂ©sence [44]. » VoilĂ qui est finement observĂ© au sujet de la porositĂ© de frontiĂšre entre parole et silence. Malheureusement, la suite, toute rĂ©vĂ©rence gardĂ©e, prĂȘte Ă perplexitĂ© Si donc vous ignorez oĂč est lâhomme, vous nâavez aucune raison de cacher la vĂ©ritĂ© et vous devez avouer votre ignorance. Mais si vous connaissez lâendroit de sa retraite, que ce soit lâendroit oĂč on le cherche ou un autre, gardez-vous bien de dire quand on vous demande Est-il lĂ oĂč non ? je nâai rien Ă dire ; dites simplement Je sais oĂč il est, mais je ne vous lâindiquerai pas [45]. » Augustin nâose pas encore franchir ici la ligne de possibilitĂ© dâun mensonge et prĂ©fĂšre donner un conseil dâhĂ©roĂŻsme pour des chrĂ©tiens disposĂ©s au martyre. 19Dans La Doctrine de la vertu, au sein de la MĂ©taphysique des mĆurs, Kant confirme sa condamnation sans appel du mensonge. Il ne rĂ©sout pourtant pas les questions dites casuistiques quâil soulĂšve Peut-on tenir pour mensonge une contre-vĂ©ritĂ© Ă©mise par simple politesse par exemple je suis votre trĂšs obĂ©issant serviteur Ă la fin dâune lettre ? Personne nâest trompĂ© par lĂ . Un auteur demande Ă lâun de ses lecteurs comment trouvez-vous mon Ćuvre ? On pourrait bien donner une rĂ©ponse illusoire en se moquant de ce quâune telle question a dâembarrassant, mais qui a toujours prĂȘt un mot dâesprit ? La moindre hĂ©sitation Ă rĂ©pondre est dĂ©jĂ une humiliation pour lâauteur, le lecteur peut-il donc lui parler selon son cĆur ? [46] » 20Il est enfin un passage Ă©tonnant, au sein mĂȘme du De mendacio, apparemment en complĂšte dissonance, voire en contradiction, avec la ligne sĂ©vĂšre constante de saint Augustin il y admet en effet explicitement une exception Ă lâinterdiction du mensonge, Ă savoir le cas oĂč je pourrais empĂȘcher par mon pĂ©chĂ©, en lâoccurrence de mensonge, la souillure dâautrui. Peu importe ici que lâexception soit petite ou rare ; lâimportant est quâelle soit, dĂ©mentant alors lâuniversalitĂ© de la prohibition quant aux pĂ©chĂ©s qui sont commis sur un homme de maniĂšre Ă le rendre immonde, nous devrions les empĂȘcher, fĂ»t-ce au prix de nos pĂ©chĂ©s. Car on ne saurait appeler pĂ©chĂ©s les actes quâon accomplit pour Ă©viter une telle souillure. Tout acte, en effet, quâon jugerait blĂąmable, si on ne lâaccomplissait pas, nâest pas un pĂ©chĂ©. Il rĂ©sulte de lĂ quâil ne faut pas lâappeler souillure, la souillure quâon nâa aucun pouvoir dâempĂȘcher. ⊠Rien de ce quâil eĂ»t fait pour y Ă©chapper nâaurait Ă©tĂ© pĂ©chĂ©. Donc quiconque ment pour cela ne pĂšche pas [47]. » Selon le mĂȘme principe on cherche quelquâun pour attenter Ă sa pudeur. Supposons quâil soit possible de le cacher grĂące Ă un mensonge ; qui osera dire que, mĂȘme dans ce cas, il ne faut pas mentir ? [48] » IndĂ©pendamment des difficultĂ©s Ă concilier ces affirmations avec le reste de lâouvrage, un principe intĂ©ressant et large est ici invoquĂ© Tout acte quâon jugerait blĂąmable, si on ne lâaccomplissait pas, nâest pas un pĂ©chĂ©. » Il ne sâagit plus ici dâavancer que lâacte du mensonge serait de soi et toujours un pĂ©chĂ©. Au contraire quiconque ment pour cela ne pĂšche pas. » Si le mensonge est intrinsĂšquement mauvais, comme semble le dire tout le reste de lâouvrage, comment en cette situation dĂ©terminĂ©e son acte peut-il nâĂȘtre pas peccamineux ? Quoi quâil en soit des problĂšmes de cohĂ©rence dans la pensĂ©e dâAugustin, il semble bien que celui-ci justifie, Ă titre exceptionnel certes, un mensonge par son motif et par lâintention du menteur, louable parce quâil serait blĂąmable de ne pas y recourir. 21Que peut-on conclure de cette enquĂȘte auprĂšs dâAugustin, de Thomas dâAquin et de Kant, comme des critiques, externes et internes, de leur interdiction absolue du mensonge ? Le mĂ©rite de cette thĂšse intransigeante est de ne pas contraindre le point de vue Ă©thique par le seul critĂšre de lâutilitĂ© et de considĂ©rer le devoir de vĂ©ritĂ© non seulement comme un devoir vis-Ă -vis dâautrui, mais aussi de sa conscience propre, de lâhumanitĂ© comme telle, commune Ă ma personne et Ă toute autre, et de Dieu. Ses points faibles ne manquent pas non plus dâapparaĂźtre le plus Ă©vident est lâinsurrection du bon sens dans ces circonstances oĂč on voudrait bien ne pas mentir, mais oĂč lâon perçoit quâon ne pourrait pas le refuser sans un dommage moral plus grand. De plus, si lâon peut sans trop de peine admettre la supĂ©rioritĂ© du bien de lâĂąme sur celui du corps, mise en avant par Augustin, on aimerait quâil considĂ©rĂąt mieux la transformation du point de vue lorsquâil sâagit de comparer mon bien, mĂȘme quant Ă lâĂąme, et le bien dâautrui de quel amour procĂšde lâintransigeance Ă sauvegarder ma vĂ©racitĂ© ? amour de la » vĂ©ritĂ© ? amour de ma » vĂ©ritĂ© ? amour de mon ego, au travers du purisme et du vĂ©risme dans lesquels je me complais ? Si ces auteurs ont le mĂ©rite de ne pas rĂ©duire le mensonge au relationnel, ne risquent-ils pas dâavoir le tort de rĂ©duire le relationnel dans leur considĂ©ration du mensonge ? Il apparaĂźt dâailleurs que mĂȘme les tenants de cette ligne sĂ©vĂšre admettent que nâest pas mensongĂšre la formule convenue dont personne ne doit ĂȘtre dupe, preuve que le discours nu, indĂ©pendamment des intentions des interlocuteurs, ne saurait ĂȘtre qualifiĂ© Ă©thiquement de mensonge. 22La philosophie du langage confirme et complĂšte dâailleurs cette considĂ©ration. Pour reprendre des exemples cĂ©lĂšbres dâAustin, lâactuel roi de France est chauve » est une proposition qui nâest pas plus fausse quâelle nâest vraie, puisque ne rĂšgne actuellement aucun roi en France [49], et il y a un taureau dans le champ » nâa pas du tout le mĂȘme sens selon que je vous la dis alors que vous ĂȘtes dans le champ ou alors que nous contemplons ensemble un tableau dans un musĂ©e [50]. Par ailleurs, tout le monde convient que toute vĂ©ritĂ© nâest pas bonne Ă dire, quâil faut parfois la taire, que lâon ne peut pas simplement dĂ©crĂ©ter que dire la vĂ©ritĂ© est vertueux et que ne pas la dire est peccamineux on peut dire la vĂ©ritĂ© avec une intention haineuse, hautement peccamineuse, et la taire par amour. De cela, tant Augustin que Thomas dâAquin conviennent ou conviendraient. Seulement, on ne peut pas toujours se taire alors quâon le voudrait et lâon doit parfois parler alors quâon voudrait se taire. Si le silence peut avoir valeur de parole â on peut trahir un secret par le seul silence â, ne faut-il pas convenir aussi que la parole peut avoir valeur de silence, quâelle peut ĂȘtre lâunique recours pour voiler la vĂ©ritĂ© Ă taire ? La thĂšse antique et mĂ©diĂ©vale de la naturalitĂ© du signe du langage, censĂ©e justifier le dĂ©sordre intrinsĂšque de la parole mensongĂšre, pĂšse peu ici en regard des enjeux proprement Ă©thiques nâest-il pas clair que le rĂ©sistant torturĂ© pour livrer les noms des membres de son rĂ©seau doit faire tout son possible pour protĂ©ger la vie de ceux-ci, y compris par de faux renseignements qui pourront mĂ©nager le dĂ©lai nĂ©cessaire Ă leur fuite ? LâinĂ©luctabilitĂ© du recours au mensonge dans certains cas extrĂȘmes a-t-elle besoin, comme justification, dâune analogie avec la lĂ©gitime dĂ©fense, selon la perspective de Schopenhauer, de lâaffirmation dâun primat de lâamour sur la vĂ©ritĂ©, comme le proclame JankĂ©lĂ©vitch, ou du principe du moindre mal, selon le mĂȘme auteur ainsi que Comte-Sponville ? 23Ces explications partielles, nonobstant leur part de pertinence, ouvrent la porte Ă une lĂ©gitimitĂ© dâun mensonge dont la malice morale devient difficile Ă situer, dĂšs lors quâelle vaut gĂ©nĂ©ralement, dans la plupart des cas, mais pas toujours ni en soi. Il existe un autre moyen de rendre compte Ă la fois de lâinterdiction Ă©thique du mensonge et de la lĂ©gitimitĂ© pratique dâun discours intentionnellement inexact lâimpact des obstacles au volontaire sur lâimputabilitĂ© de lâacte. Comme lâexplique saint Thomas dâAquin, nul nâest responsable moralement de ce Ă quoi il est contraint par la violence [51]. Le mensonge peut bien ĂȘtre en soi moralement condamnable sans ĂȘtre toujours concrĂštement blĂąmable, dĂšs lors que la prĂ©supposition de libertĂ© de lâacte de parole se trouve contredite lĂ oĂč la libertĂ© souffre contradiction, la diction est exonĂ©rĂ©e de ses rĂšgles habituelles de vĂ©ritĂ©. Le nombre de ces cas nâest pas si rare la densitĂ© de la violence que portent nos sociĂ©tĂ©s doit en effet prendre en compte bien des violences latentes, sournoises, inaperçues des pressions, des harcĂšlements, des chantages. Cette explication suffit peut-ĂȘtre Ă guider lâattitude de celui qui doit protĂ©ger la vie du rĂ©fugiĂ© que lâon pourchasse. Elle ne saurait pourtant, sans extension indue, rĂ©soudre le cas, difficile et douloureux, de la parole Ă adresser Ă un malade inquiet, de la protection du secret contre une question indiscrĂšte, de la gradualitĂ© dans lâaccompagnement dâune conscience Ă Ă©clairer. Ne jamais parler contre la vĂ©ritĂ© mais la taire quand on ne peut pas la dire constitue une rĂšgle toujours souhaitable mais parfois apparemment impossible, du moins si lâon ne considĂšre de la vĂ©ritĂ© que lâexactitude objective et factuelle. LâĂ©change de parole, qui est une modalitĂ© mais qui nâest quâune modalitĂ© de la communication entre deux personnes, demande Ă ĂȘtre investi de la vĂ©ritĂ© plus haute, et proprement Ă©thique, de celles-ci. Etre vrai dans le dialogue avec autrui suppose le fin discernement de ce quâil entendra, de ce quâil recevra de ce que je pourrai dire. Câest ainsi que je pourrai, selon le code de la confiance qui nous lie, savoir quoi dire et comment dire pour ĂȘtre vrai Ă son Ă©gard, dans le respect de nos personnes et du vrai bien, dans lâamour de la vĂ©ritĂ© et la vĂ©ritĂ© de lâamour. 24En tant que chrĂ©tiens, nâavons-nous pas pourtant un appel Ă une perfection plus grande que celle des scribes et des pharisiens, une exigence plus impĂ©rieuse envers le courage de la fidĂ©litĂ© », selon la belle expression de JankĂ©lĂ©vitch ? Certes, et le philosophe est ici prĂ©cieux, il faut craindre lâarrogance du purisme qui blĂąme chez autrui, avec trop de hĂąte, trop de facilitĂ© et trop de duretĂ©, les compromis ou les capitulations auxquels sa volontĂ© se rĂ©signe ou contre lesquels elle proteste mĂȘme, alors mĂȘme que nous ne somme pas assurĂ©s de faire mieux en pareille circonstance. Pour autant, quant Ă sa propre conduite personnelle, ne faut-il pas dĂ©sirer prĂ©senter cette force de Socrate, de Jean-Baptiste, de Thomas More, de tant de ceux de nos frĂšres et sĆurs qui ont su opposer une douce et humble obstination pour dire non Ă ceux qui voulaient leur imposer lâacquiescement Ă lâiniquitĂ©. JĂ©sus, surtout, donne part Ă son Esprit de VĂ©ritĂ© pour que ses disciples vivent ce quâil leur commande, que leur oui soit oui et que leur non soit non, mĂȘme au prix de leur propre vie. La victoire de la vĂ©ritĂ© a un prix le sang du Christ. La dĂ©faite du mensonge a un nom la croix du Christ. Ne pas mentir est souvent crucifiant. La question nâest pas de savoir si une bonne casuistique permettrait dâencenser lâillicĂ©itĂ© du mensonge en lui tordant le cou en toute circonstance pressante, ni de brandir le doigt menaçant dâun interdit qui transformerait les misĂšres subies en pĂ©chĂ©s de douteuse vĂ©nialitĂ©, mais dâinscrire la crucifixion du Verbe dans lâimprĂ©vu de notre existence humaine. Notes [1] V. JankĂ©lĂ©vitch, TraitĂ© des vertus II, Les vertus et lâamour, vol. 1 Bordas, 1970, Flammarion, 1986, p. 182. [2] E. Kant, MĂ©taphysique des mĆurs, II. Doctrine de la vertu, 9. DeuxiĂšme section Du devoir de lâhomme envers lui-mĂȘme considĂ©rĂ© uniquement comme ĂȘtre moral. I. Du mensonge VI, 431 ; Ćuvres philosophiques, t. 3, Paris, Gallimard PlĂ©iade, 1986, p. 718. [3] V. JankĂ©lĂ©vitch, op. cit., p. 276 Le sincĂšre diabolique qui dit le vrai pour nuire, et le dit non pas Ă son insu ou malgrĂ© lui, comme le menteur peu conscient ou le trompeur trompĂ© qui a raison âŠ, sans le vouloir, mais le dit exprĂšs, sciemment, pour faire mal ce vĂ©ridique malveillant est moralement un menteur, un menteur qui dit vrai, â car on peut ⊠mentir en disant la vĂ©ritĂ© nâarrive-t-il pas que la vĂ©ritĂ© soit une calomnie ? tout comme on peut dire la vĂ©ritĂ© en mentant » ; vera dicunt quando mentiuntur », dit saint Augustin des Priscillanistes ; ou encore Loquuntur mendaciter vera ». [4] V. JankĂ©lĂ©vitch, op. cit., p. 213. [5] Le De Mendacio 395 et le Contra Mendacium 420. [6] Saint Augustin, De Mendacio, III, 3 Ćuvres de saint Augustin, BibliothĂšque augustinienne, vol. 2, Paris, DDB, 1948, p. 243 [AbrĂ©gĂ© en BA 2, 243]. [7] Ibid., V, 9 BA 2, 263. [8] Ibid., VI, 9 BA 2, 267. [9] Ibid., VII, 10 BA 2, 269. [10] Ibid., IX, 13 BA 2, 275. [11] II-II, Q. 110, a. 1, c. [12] II-II, Q. 110, a. 3, c. [13] Ibid., obj. 4. [14] Ibid., ad 4m. [15] CitĂ© dans E. Kant, Sur un prĂ©tendu droit de mentir par humanitĂ©, VIII, 425, in Ćuvres philosophiques, t. 3, Paris, Gallimard coll. BibliothĂšque de la PlĂ©iade », 1986, p. 435. [16] Ibid. [17] E. Kant, op. cit., VIII, 426, p. 436. [18] E. Kant, op. cit., VIII, 427, p. 438. [19] E. Kant, op. cit., VIII, 428, p. 439. [20] E. Kant, op. cit., VIII, 428-429, p. 439. [21] S. Hilarii episcopi Pictaviensis, Tractatus super Psalmos, Corpus Scriptorum Ecclesiastorum Latinorum, vol. 22, 1891, In Ps. XIV, 10, p. 91. [22] A. Schopenhauer, Le fondement de la morale, Paris, Livre de Poche no 4612, 1991, no 17 PremiĂšre vertu la justice, p. 173. [23] Ibid., p. 174. [24] Ibid., p. 176. [25] Ibid., p. 176-177. [26] V. JankĂ©lĂ©vitch, TraitĂ© des vertus, t. 2, vol. 2 Les vertus et lâamour, I, chap. III La sincĂ©ritĂ©, Paris, Flammarion, 1986, coll. Champs Flammarion », p. 249-251. [27] Ibid., p. 272. [28] Ibid., p. 283. [29] A. Comte-Sponville, Petit TraitĂ© des grandes vertus, Paris, puf, 1995, p. 257. [30] Ibid., p. 258. [31] Ibid., p. 261. [32] Ibid., p. 265. [33] Ibid., p. 264. [34] Ibid., p. 266-267. [35] Ibid., p. 267. [36] Ibid., p. 268. [37] Ibid., p. 272. [38] Ibid., p. 271. [39] Ibid., p. 275. [40] Ibid., p. 274. [41] II-II, Q. 110, a. 3, ad 4m. [42] Saint Augustin, Contra mendacium, X, 23 BA 2, 401-403. [43] Ibid. BA 2, 403. [44] Saint Augustin, De mendacio, XIII, 24 BA 2, 299. [45] Ibid. BA 2, 301. [46] E. Kant, MĂ©taphysique des mĆurs, II. Doctrine de la vertu, 9. DeuxiĂšme section Du devoir de lâhomme envers lui-mĂȘme considĂ©rĂ© uniquement comme ĂȘtre moral. I. Du mensonge VI, 431 ; Ćuvres philosophiques, t. 3, Paris, Gallimard, coll. BibliothĂšque de la PlĂ©iade », 1986, p. 718. [47] Saint Augustin, De mendacio IX, 15 BA 2, 281-283. [48] Ibid., IX, 16 BA 2, 283. Certes, Augustin a soulignĂ© constamment que, pour aucun bien corporel ou temporel, pour soi comme pour autrui, il nâest possible dâaliĂ©ner le bien spirituel de la fidĂ©litĂ© Ă la vĂ©ritĂ© ; on pourrait comprendre que, si la comparaison se faisait non plus entre un bien corporel et un bien spirituel mais entre deux biens spirituels, lâargument cĂ©dĂąt en faveur de la prĂ©servation dâun bien spirituel supĂ©rieur. Il ne manque cependant pas dâaffirmer par ailleurs que le viol, qui souille la victime corporellement, ne la salit pas moralement puisque sa volontĂ© est contraire Ă lâacte qui lui est imposĂ©. Quand il prĂ©cise le sens de cet immonde » qui, imposĂ© Ă autrui, peut justifier mon propre mensonge, il demeure dans le cadre dâune atteinte seulement corporelle si on lâarrose de fumier, si on verse des ordures dans sa bouche, si on les y fait pĂ©nĂ©trer de force, si on le viole Ă la façon dâune femme, il inspire presque Ă tous une horreur physique. On lâappelle souillĂ© et immonde » ; ibid., IX, 15 BA 2, 281. [49] J. L. Austin, Quand dire, câest faire [How to do things with words], Paris, Seuil, 1970, p. 53 2e confĂ©rence. [50] Ibid., p. 63 3e confĂ©rence. [51] I-II, Q. 6, a. 5.
+8winnie1010SeccotinesaskiareyguetEspoir65Chris67EliseCĂ©cile12 participants Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ?Oui, espoir c'est dommage...c'est lĂ le poids de la dette de l'adoptĂ©...le prix Ă payer pour sa reconnaissance Ă©ternelle envers ses parents adoptifs...pour d'autres, c'est l'inverse, ils ressentent une grande colĂšre envers eux qu'ils perçoivent comme des imposteurs.Mais c'est le 1er cas de figure qui paraĂźt le plus frĂ©quent...C'est super dur de s'en dĂ©lester, et le jour oĂč tu y arrives, waouw...qu'est-ce que tu te sens lĂ©gĂšre !!!!! Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? Samy Sam 19 Jan - 2031j'atend le jour de me sentir plus lĂšgĂ©re avec impatience car aujourd'huije me sens vraiment pas trĂšs bien dans ma me sens vraiment triste Ă l'idĂ©e de blesser mes parents dans quelques ne sais comment faire, j'ai commencer Ă leur ecrire une lettre pour leur exprimer ce ke je resents mais je ne sais pas si cela est une bonne -il mieux de leur parler en face ou de leur ecrire une lettre?? Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? CĂ©cile Dim 20 Jan - 1937Ce qui te paraĂźt le plus naturel Et tu leur dis parce que tu te sens obligĂ©e ? Parce que tu en as envie ? Parce que tu as besoin de leur soutien ? De leur approbation ? Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? Samy Dim 20 Jan - 2053Je ne me sens pas obligĂ© nonMais je desire lors parler car je veux savoir ce kil savent de mon adoptionje veux leur dire que je souhaite faire des recherches mais tou cela sans les blesser Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? Espoir65 Lun 21 Jan - 1108samy, je pense que tu as une bonne relation avec tes parents, alors pourquoi ne pas leur parler tout simplement, bien sur il y aura surement pas mal de larmes qui vont couler, mais je crois qu'ils comprendront ta puis a toi a suivre ton chemin toute seule.....je crois qu'une fois adulte on ne partage plus tout avec ses parents il y a des choses qu'on fait seule et qui font partie de notre vie privee Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? Samy Lun 21 Jan - 1115Oui avec mes parents et surtout ma mĂšre j'ai une excellente relationTu as raison quand tu dis qu'il faut que je leur parle tout simplement mais je n'arrive pas a enlevĂ© cette peur de le ai-je si peur je ne sais je suivrai seule mon chemin. c'est ce que je fais deja depuis trois ans que je suis partie de chez j'ai besoin d'eux car pour mes recherches j'ai besoin de documents qu'ils auraient en leur vraiment ne pas faire du mal a ma mĂšre , je l'aime tellement. Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? winnie1010 Lun 21 Jan - 1125samy, tes parents savent bien que tu auras certanement besoin de savoir et meme de voir si cela est posible ta mere bio, pour ne plus etre bencal, si ils t'ont parler de ton adoption, d'un petit bou de ton histoire c'est le premier pas pour tes recherches, certe je pensse qu'ils vont avoir peur mais pas que pour eux pour toi aussi car les recherche ne sont pas toujour tout ce si est ton histoire, c'est ta mere bio qui a ecrit les premier mots, mais pour aller mieux il faut que tu termines toi d'Ă©crie cette histoire pour pouvoir entamer un autre chapitre de ta vie Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? Espoir65 Lun 21 Jan - 1306Effectivement samy je pense que tes parents sont prepares a entendre ta demande, ils savent qu'un jour ou l'autre cela viendrait, alors n'hesites pasquand je dis qu'apres tu feras seule ton chemin je ne veux pas dire en solitaire, tu pourras toujour socmpter sur ton entourage proche ou moins proche, je dis seule car c'est une quete personnelle face a ses fantomes, ses espoirs, ses craintes et ses faut surtout a ce que tu sois preparee aux bonnes et mauvaises tournures de ton histoire, afin que comme dit Winnie tu puisses ecrire la suite. Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? Samy Lun 21 Jan - 1310Oui j'espere qu'ils sont preparer car je veux vraiment pas leur faire du je crois que je suis prete pour les bonnes et les mauvaises choses j'ai eu le temps d'y reflechirdes jours et des nuits pour cela. Je pense que c'est le moment. Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? Espoir65 Lun 21 Jan - 1313moi je te conseillerais d'en parler deja a ta famille mais de te documenter et de lire pour te preparer a la rencontre et aux suites que cela peut donner. Sinon tu risques de partir avec trop d'attentes et d'espoir... Vaut mieux "enlever tes lunettes roses" comme on dit Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? Samy Lun 21 Jan - 1318Tu as raison, depuis quelques mois je veux bousculer et bruler les vais commencer par en parler a mes parents quand je rentrerai courant fevrier et je vais acheter le livre sur la blessure primitivemerci pour tout ces conseils Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? CĂ©cile Lun 21 Jan - 1637Oui, je comprends aussi j'ai eu envie de partager ça avec eux. D'ailleurs, ils m'ont toujours dit "un jour, tu pourras faire des recherches si tu veux", je le savais depuis mon plus jeune sais, sur le moment, ils ne m'ont rien montrĂ© de leurs sentiments, et je me suis sentie soutenue j'avais Ă peu prĂšs ton Ăąge.L'adoption c'Ă©tait notre histoire singuliĂšre Ă nous, ils m'ont mĂȘme encouragĂ©s dans mes recherches, n'ont jamais cherchĂ© Ă me dissuader et pensaient que cela m'aiderait Ă aller mieux, comme dit winnie pour que je puisse Ă©crire un nouveau chapitre de ma confiance, cela peut trĂšs bien se pas que tes parents sont adultes, et qu'ils sont deux pour se soutenir Qd on devient parent bio ou adoptifs, on prend des risques, presque tous les parents du monde savent ça Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? Samy Lun 21 Jan - 1647Oui s'est vraiMerci pour ce que tu as Ă©crisOn verra bien le mois prochain comment cela se passera mais je me sents un peu plus sereine pour leur demander. Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? lapetitelili972 Mer 23 Jan - 2110Bonsoir,Je suis tout a fait d'accord avec toi laetitiat3 ! Je pense que que l'adoption fait intĂ©gralement partie de l'enfant car c'est ce qui fait ce qu'il est et ce qu'il sera plus tard en grandissant ! Moi on ne me la jamais cachĂ© et j'en suis bien contente ! J'Ă©tais placĂ©e en nourrice le temps de me trouver une famille et c'est elle qui m'a tout expliquer ! Elle s'est assise a cotĂ© de moi et m'a tout dit meme si quand j'Ă©tais petite je le savais ou du moins je savais que je ne reverrai plus ma mere bio ! Apres mon adoption, je faisais des reves qui se sont reveles etre des flashs puisqu'en fait, c'Ă©tait des souvenirs qui remontaient peu a peu ! J'en discutais avec ma mere adoptive parce que je ressentais de la colere quand je me levais, je ressentais de la colere envers celle qui m'avait mise au monde ! A l'adolescence j'ai fais une dĂ©pression et j'ai pensĂ© a plusieurs reprises que j'aurai prĂ©fĂ©rĂ© quelle avorte au lieu de me garder .............. Aujourd'hui, je suis plus apaisĂ©e mais je lui en veux encore un peu !!! Re "Toute vĂ©ritĂ© est-elle bonne Ă dire" ? Espoir65 Jeu 24 Jan - 1149tu es passee toi aussi par pas mal de tourment lapetitelili, je suis ocntente de lire qu'aujourd'hui tu te sens mieux, est-ce que tu as des rapports a present avec ta mere bio? qu'est-ce que cela t'apporte? Sujets similairesPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forum
Dimanche dernier, nous Ă©tions au bord du Jourdain avec Jean-Baptiste et ses disciples. Nous avons Ă©voquĂ© la rencontre et lâappel des trois premiers disciples du Christ ainsi que le rĂŽle du Baptiste. LâEvangile de ce jour se situe aprĂšs lâarrestation de Jean-Baptiste », lorsque celui-ci achĂšve sa mission de tĂ©moin et de prĂ©curseur. Sa gloire fut de dĂ©signer JĂ©sus comme Ă©tant lâAgneau de Dieu, dĂ©sormais il faut que, selon ses propres mots, il diminue⊠Lâami de lâEpoux va livrer sa vie en rendant tĂ©moignage Ă la VĂ©ritĂ©. Comment en sommes-nous arrivĂ©s lĂ ? HĂ©rode qui, selon saint Marc, aimait entendre le Baptiste et savait quâil Ă©tait un homme juste et saint⊠», lâavait fait arrĂȘter et mettre en prison Ă cause dâHĂ©rodiade la femme de Philippe, son frĂšre, quâil avait Ă©pousĂ©e. » En effet, Jean-Baptiste rĂ©pĂ©tait Ă HĂ©rode, autant que cela lui Ă©tait possible Il ne tâest pas permis dâavoir la femme de ton frĂšre.» Câest ainsi quâHĂ©rodiade fomenta un complot contre le Baptiste⊠Jean-Baptiste est le prĂ©curseur du Christ jusquâen sa passion, il est lâarchĂ©type du disciple du Christ. Son amour de la VĂ©ritĂ©, câest Ă dire du Christ lui-mĂȘme, est un exemple pour tous les chrĂ©tiens. A chaque gĂ©nĂ©ration, aujourdâhui encore, nous avons un HĂ©rode » Ă qui nous devons rendre le tĂ©moignage de la VĂ©ritĂ©. VĂ©ritĂ© que, selon le mot de BenoĂźt XVI, nous ne possĂ©dons-pas mais qui nous possĂšde et qui nous anime⊠Elle est une bonne nouvelle, celle de la dĂ©livrance et de la victoire sur le pĂ©chĂ© et la mort⊠JĂ©sus partit pour la GalilĂ©e proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu⊠» Apporter la Bonne Nouvelle est la raison pour laquelle JĂ©sus est venu dans le monde. En grec, Bonne Nouvelle se dit Evangile ». Ce mot est dĂ©jĂ prĂ©sent dans lâAncien Testament en hĂ©breu. Chez le prophĂšte IsaĂŻe, ce mot signifie le salut, la venue du RĂšgne de Dieu, dont le message est une consolation. Dans le texte grec de la Bible, la Septante, le mot Evangile » dĂ©signe lâannonce dâune victoire, notamment dans les livres de Samuel et des Rois. Le mot a dâailleurs le mĂȘme sens dans la littĂ©rature grecque profane de cette Ă©poque. Enfin, au premier siĂšcle, le mot prend une signification religieuse et salvifique dans le culte impĂ©rial. Aussi, lorsque JĂ©sus dit Les temps sont accomplis, le RĂšgne de Dieu est tout proche⊠», le monde paĂŻen et celui de la Bible peuvent se rencontrer. Nous sommes Ă la plĂ©nitude des temps. Les commentateurs remarquent, quâĂ la diffĂ©rence des philosophes grecs, les Juifs sâintĂ©ressaient plus au contenu historique du temps quâĂ la question philosophique de sa nature. LâĂ©lĂ©ment qualitatif du temps est plus important que le quantitatif. Le temps est le moyen qui est donnĂ© Ă lâhomme pour faire lâexpĂ©rience de Dieu et de ses bienfaits⊠Avec lâincarnation de JĂ©sus sâouvre la plĂ©nitude des temps, câest Ă dire le moment prĂ©vu de toute Ă©ternitĂ© pour lâavĂšnement du rĂšgne de Dieu ; on parle de kairos ou de temps favorable. DĂ©sormais, les brebis perdues de la Maison dâIsraĂ«l et les paĂŻens vont eux aussi pouvoir faire lâexpĂ©rience de la bĂ©nĂ©diction de Dieu. Convertissez-vous et croyez Ă la Bonne Nouvelle.» JĂ©sus reprend le message du Baptiste et le rĂ©alise. Le deuxiĂšme dimanche de lâAvent, nous avons vu que saint Thomas dâAquin disait que le Baptiste prĂ©parait Ă la rĂ©ception du baptĂȘme de JĂ©sus par lâenseignement qui lâaccompagnait et qui prĂ©parait les hommes Ă la foi du Christ ; par lâidĂ©e quâil donnait du baptĂȘme du Christ ; par la pĂ©nitence qui prĂ©parait les hommes Ă recevoir lâeffet du baptĂȘme du Christ1Somme ThĂ©ologique, III° partie, question 38. » Comme le souligne saint Hilaire de Poitiers Le rĂŽle des prophĂštes Ă©tait dâĂ©loigner du pĂ©chĂ© ; le rĂŽle propre du Christ Ă©tait de sauver ceux qui croiraient en lui2Commentaire de lâĂ©vangile selon saint Matthieu, II 2⊠» DĂ©sormais en JĂ©sus le salut nâest plus seulement annoncĂ©, mais il est rendu possible pour tous. Saint CĂ©saire dâArles dâajouter Voyez, frĂšres bien-aimĂ©s, combien la bontĂ© de notre Dieu est grande envers nous, si grande quâil veut remettre le pĂ©chĂ© de celui qui sâen reconnaĂźt coupable et le rĂ©pare avant le jugement ⊠Aussi nous a-t-il appris la voie du repentir par laquelle nous pouvons rĂ©parer les dommages que nous avons causĂ©s, et nous corriger de nos fautes. Pour ĂȘtre sĂ»rs dâen obtenir le pardon, nous ne devons donc jamais cesser de regretter nos pĂ©chĂ©s. Si affaiblie que soit la nature humaine par tant de blessures, personne ne doit dĂ©sespĂ©rer. Car le Seigneur est dâune gĂ©nĂ©rositĂ© si grande quâil rĂ©pand de bon cĆur sur tous ceux qui sont Ă bout de force les dons de sa misĂ©ricorde3Sermon CXLIV⊠» Passant au bord du lac de GalilĂ©e, il vit Simon et son frĂšre AndrĂ© en train de jeter leurs filets câĂ©taient des pĂȘcheurs. JĂ©sus leur dit Venez derriĂšre moi. Je ferai de vous des pĂȘcheurs dâhommes. » Nous pouvons remarquer que câest alors que Simon et AndrĂ©, Jacques et Jean accomplissaient convenablement leur devoir dâĂ©tat, que JĂ©sus les appela. Saint Augustin dit Ă propos des versets qui suivent Les apĂŽtres ont reçu de JĂ©sus-Christ le filet de la parole de Dieu ; ils lâont jetĂ© dans le monde comme dans une mer profonde, et ils ont conquis cette multitude de chrĂ©tiens que nous voyons et qui excite notre admiration4Sermon CCXLVIII. » ArrĂȘtons-nous quelques instants pour considĂ©rer les noms des ApĂŽtres et faire un peu dâĂ©tymologie. ZĂ©bĂ©dĂ©e veut dire cadeau de Dieu ; Jean Dieu a fait grĂące ; Jacques Il supplantera ou que Dieu protĂšge. Câest tout un programme les apĂŽtres, puis les fidĂšles du Christ, sont envoyĂ©s dans le monde pour annoncer que Dieu donne un cadeau, quâil fait grĂące et quâil protĂšge en supplantant et renversant le mal ? Nous pouvons dire que les disciples du Christ, sâils lui restent fidĂšles, sont un cadeau, une grĂące, et une protection pour le monde⊠En sommes-nous conscients et acceptons-nous cette mission ? Saint Ambroise dit Ă propos des disciples Ils cherchaient dans la mer un gain mĂ©diocre et ils ont trouvĂ© celui qui est la vie ; ils ont abandonnĂ© une barque et ils ont trouvĂ© Dieu ; ils ont laissĂ© leur avirons et ils ont trouvĂ© le Verbe ; ils ont laissĂ© leurs cordages et ils ont trouvĂ© les liens de la foi ; ils ont laissĂ© reposer leurs filets et ils ont pris des hommes ; ils ont dĂ©laissĂ© la mer et ils ont trouvĂ© le ciel ; ils quittent ces flots oĂč ils sont ballottĂ©s pour Ă©tablir sur la pierre inĂ©branlable des Ăąmes agitĂ©es jusque-lĂ par lâerreur5De Virginitate. » Je remarque une chose, câest quâils ont rĂ©pondu aussitĂŽt » en faisant route avec lui. Dieu attend une rĂ©ponse rapide et solide de notre part. Aussi, chacun de nous peut demander la grĂące de comprendre ici et maintenant le sens du temps et de lâhistoire comme kairĂłs », comme occasion favorable pour notre salut6BenoĂźt XVI, homĂ©lie du 26 novembre 2011», en faisant lâexpĂ©rience de sa proximitĂ© dans la mĂ©ditation de sa Parole, la priĂšre personnelle et la rĂ©ception des sacrements. Cette expĂ©rience est le temps favorable qui nous permet de rĂ©pondre Ă son appel Je ferai de vous des pĂȘcheurs dâhommes⊠» Bonne semaine Ă tous. Pod Dimanche dernier, le quatriĂšme personnage de lâEtat dans lâordre protocolaire disait lors dâune interview Ă propos de la libertĂ© dâexpression âRegardez le temps quâil a fallu pour faire accepter Ă la religion Catholique le fait quâil y a une religion suprĂȘme pour chacun dâentre nous câest la religion de la RĂ©publique.â A lâaune de lâEvangile de ce jour qui nous invite Ă jeter les filets et Ă ĂȘtre des pĂȘcheurs dâhommes et forts de lâenseignement du Pape, souvenons-nous que câest la mentalitĂ© post-positiviste, de la mĂ©taphysique post-positiviste qui finit par conduire Ă croire que les religions ou les expressions religieuses sont une sorte de sous-culture, quâelles sont tolĂ©rĂ©es, mais sont peu de chose ⊠Câest un hĂ©ritage des LumiĂšres. Tant de gens parlent mal des religions, sâen moquent, disons âjouentâ avec la religion des autres. » Comme chrĂ©tiens nous avons une mission Ă remplir dans ce monde ĂȘtre des tĂ©moins de la VĂ©ritĂ©. Notes
toute vérité n est pas bonne à dire bible